chronique album : Clare And The Reasons, « The Movie »
Une haute exigence artistique et un sens aigu des arrangements font de cet album une étrange création dans l'époque. C'est vrai, quoi, on n'est plus trop habitué à ces orchestrations luxueuses. On comprend mieux ses options stylistiques en repérant dans les crédits les noms de Sufjan Stevens, et surtout celui du grand Van Dyke Parks, qui, des Beach Boys à Ry Cooder, via U2, a laissé sa trace sur une proportion considérable de ce que nous avons entendu depuis 40 ans.
Des gens qui appartiennent à la même planète musicale, et dont Clare et ses Raisons continue d'illustrer l'ambition, celle de faire encore et toujours des chansons taillées dans les plus belles étoffes. On aura compris qu'on est à cent lieues du lo-fi petits bras, et que l'on a pris tout le temps qu'il fallait pour écrire chaque note de corde, de flutiau, que l'on a dessiné au millimètre le plan des cathédrales de choeurs (« Sugar In My Hair », « Love Can Be A Crime »), que l'on a dosé au laser le souffle de l'harmonica dans « Rodi », et qu'une fois terminé le disque on s'est regardé en studio pour être bien sûr qu'on avait pensé à tout.
En bonne fille de folk singer (son père est Geoff Muldaur, chanteur des 70's toujours en exercice), elle a d'ailleurs écrit depuis la sortie du disque une chanson de soutien à Obama. Ses chansons peuvent jouer d'espièglerie, comme dans « Pluto », où la voix de Clare nous rappelle celle d'Ambrosia Parsley, de Shivaree, elles peuvent aussi nous cajoler avec quelques touches de violoncelle (« Nothing/ Nowhere ») et nous livrer pieds et poings liés à la béatitude la plus profonde(«Science Fiction Man »), ce qui n'empêche pas Clare d'entreprendre avec brio une version crédible de « Everybody Wants To Rule The World », de Tears For Fears.
Et si' l'album porte le titre de « The Movie », c'est sans doute qu'il s'écoute mieux dans le noir.
Artiste : Clare And The Reasons
Album : « The Movie »
Label : Fargo (Dist. Naïve)